La Double Nationalité
Depuis quelques temps nous assistons à un débat sur les réseaux sociaux, qui me semble malsain.
Il y’a de temps en temps des post de certains qui affirment leur fierté d’être tunisiens et de soutenir que malgré le nombre d’années passées dans un pays d’émigration, ils ne se sont jamais laissés tenter par la nationalité du pays d’accueil. Ils préfèrent rester fidèles à la nationalité du pays d’origine, en mettant, à l’index de manière sibylline les personnes qui ont opté pour la double nationalité.
Ils font croire au reste de la société, que ces derniers, ne peuvent pas être fidèles, à la Tunisie, et qu’en quelque sorte ils ont vendu leurs âmes au diable.
N’en déplaise à ces prétendus fidèles à la Tunisie, qui au demeurant affichent une fierté à géométrie variable, que la double nationalité n’est pas une tare et que plusieurs binationaux sont plus attachés à leur pays de naissance que ceux et celles qui prétendent lui être resté(e)s fidèles.
Il arrive un moment dans la vie ou il faut assumer sa trajectoire migratoire et que la double appartenance identitaire et culturelle, qui est comme le dit l’écrivain d’origine libanaise, et membre de l’académie Française, Amin Maalouf dans son livre « les identités meurtrières » est un facteur qui fait que le monde appartient à celui qui sait en tirer profit et s’adapte à son évolution, en développant son identité à travers les multiple couches socioculturelles qui se superposent à travers le temps, et qui sait assumer cette identité multiple.
J’ajoute que le sociologue d’origine algérienne, Abdelmalek Sayad, à conceptualisé l’altérité avec l’autre par l’engagement et la prise de position avec une affirmation de statut de citoyen qui doit occuper sa place au sein de la société ou il vit. A ceux et celles qui par acquis de conscience semblent perdus et s’accrochent à cette fierté qui varie selon le contexte, je leur dis de sortir de leur statut d’immigré éternels et ouvrir les yeux sur l’évolution du monde. La constitution Tunisienne qui est la loi fondamentale, reconnait à tout citoyen vivant à l’étranger et ayant la double nationalité le droit d’apporter sa contribution au développement du pays, y compris de prendre part à la direction de ses affaires. Elle exige uniquement d’un candidat à la présidence, que s’il est élu, et uniquement s’il est élu à la magistrature suprême, de renoncer à sa deuxième nationalité.
Cependant ceux et celles qui se targuent de leur fierté d’être fidèle à la Tunisie, que pensent ils des jeunes qui se jettent à la mer, au risque de leur vie, dans l’espoir d’un avenir meilleur en dehors de leur sol natal ?
Que pensent-ils des dirigeants et des responsables qui pillent le pays sans scrupule et qui sont en train de ruiner son avenir ? Que pensent ils des tunisiens qui meurent de misère, de maladie et de dénuement et qui rêvent de quitter ce pays ou ils ont vu le jour, et ou ils estiment qu’ils n’ont plus leur place. ? Vont-ils les qualifier de traitre à la patrie ? Vont-ils les traduire devant le tribunal des fidèles à la Tunisie.
Il est aisé de se taper sur le ventre quand on est loin, et que l’on est à l’abri du besoin, et de ne pas avoir renoncé à la nationalité d’origine, en faisant croire que ceux qui le font sont des éventuels ingrats, ou ne sont pas capables de défendre les intérêts du pays… c’est facile et cela ne demande pas grand effort lorsque l’on est loin de vivre dans la difficulté.